Test de conjugaison

 

Correction

 

01. Maria Callas naît à New York le 12 décembre 1923, dans une famille de grecs émigrés qui, pour des raisons sou­vent financières, traverse des orages fréquents. Très jeune, sa mère décide que Maria serait une grande chanteuse.

02. A 11 ans, elle participe à un concours de chant qui lui vaut son 1er prix. Sa mère décide alors de retourner en Grèce et de donner à la petite fille les meilleurs maîtres et la formation indispensable.

03. La jeune Maria accepte les exigences de cet effort ; son professeur lui fait comprendre les capaci­tés exceptionnelles qu'elle possède, mais aussi les qualités d'intelligence et de volonté qu'elle détient.

04. Son inégalable splendeur vocale, ses talents si majestueusement exprimés sur la scène dissimulent une femme merveilleuse, simple et vraie, et qui justifie sa gloire par un travail dur, inlassablement accepté.

05. À toutes les possibilités de sa technique vocale, elle a su ajouter une prodigieuse capacité de comprendre l'œuvre et de l'interpréter avec la plus grande rigueur. L'histoire de sa vie représente pour chacun d'entre nous une leçon et un sujet de réflexion.

06. Maria rem­porte son premier succès dans Boccace, et obtient la tête d'affiche de La Tosca. Le 22 avril 1944, en pleine guerre, la première de Tiefland lui apporte son premier triomphe.

07. Après avoir tenu le rôle principal dans Der Bettelstudent, de  K. Millöcker”, elle s'embarque une 2ème fois pour les États-Unis et retrouve New york. L'accueil qui lui est réservé la déçoit.

08. On lui propose pourtant la possi­bilité d'être engagée au Metropolitan Opera pour deux spectacles ; elle refuse car elle ne se sent pas prête. Elle est décidée, maintenant, à fixer, seule, ses choix. G. Zenatello, célèbre ténor et directeur artistique du Festival de Vérone, l'engage.

09. Le destin lui fait rencontrer Battista Meneghini, amateur d'opéra et puissant mécène. Reconnaissant l'exceptionnelle valeur de cette jeune femme, il s'intéresse à sa carrière et la prend sous sa protection, puis il finit par l'épouser.

10. En 1947, elle est engagée par l'Opéra de Chicago ; elle chante 22 fois La Somnambula ; 52 fois La Traviata, 41 fois Lucia, 73 fois Norma et crée 28 autres personnages d'Opéra. On lui demande de venir inaugurer la Dallas Civic Opera Company, qui vient d'être formée. Sa prestation est éblouissante.

 

11. Elle chante également La Norma, Turandot et Aïda. En 1949, le Teatro Colon de Buenos Aires l'engage ;  elle  sera accueillie avec enthousiasme par la critique. A partir de cette date, elle détermine person­nellement les opéras qui figurent à son répertoire.

13. Elle chante La Norma à Venise. A chaque représentation, sa célébrité s'amplifie ; elle  est  invitée  à reprendre le rôle d'Aïda, que la Tebaldi, souffrante, vient d'abandonner, et elle découvre enfin la Scala.

14. Cette vie l'épuise ; elle rêve de vacances et de repos paisible ; elle a trop maigri ; elle est au bord de l'effondrement mais, lors de la première de Lucia, à la Scala,  elle termine sous les ovations, saluée par une pluie d'œillets rouges.

15. En 1954, avec Visconti, elle monte La Vestale. Visconti fait alors ses débuts de metteur en scène d'Opéra ; la Scala connaît une soirée de délire ; Toscanini assiste à la représentation. Au début de l'année 1955, ils créent ensemble La Somnambula de Bellini.

16. Maria Callas est heureuse de travailler avec Visconti, qui l'entraîne vers de nouvelles cimes. Le 26 avril 1955, son jeu dans La Force du destin, à La Scala, prouve une nouvelle fois ses prodigieux dons. La même année, une nouvelle Traviata, conçue avec Visconti et Giulini, fait date dans l'histoire de l'Opéra.

17. Comme elle ne veut pas s'arrêter, elle mesure avec orgueil le chemin parcouru, mais, par ailleurs, elle a entrepris, depuis, de maigrir ; et en 2 ans, elle perd 28 kilos.

18. Le 6 février de l'année suivante, la première de La Traviata, au Met, lui permet de réaliser un nouvel exploit. De retour de New-York, elle s'incline à Bruxelles sur la tombe de la Malibran.

19. Elle s'envole immédiatement pour Milan, où elle donne cinq représentations du Bal et, de là, elle gagne Rome pour répéter La Norma. Mais, victime d'une extinction de voix, elle est incapable de chanter, ce qui entraîne la fureur d'un public exigeant.

20. Quelques jours plus tard, elle chan­te Le Pirate et se réconcilie avec les mélomanes italiens, en leur présentant Anna Bolena ; elle décide de ne plus se produire à la Scala pendant quelque temps.

 

21. En juin 1958, elle s'installe à Londres, où elle chante, au Covent Garden, la scène de la folie des Puritains, puis elle part se reposer à Sirmione. Les vacances sont courtes ; le 7 octobre, elle entreprend une nouvelle tournée américaine, qui la conduit à Birmingham, Atlanta, Montréal, Toronto, Dallas.

22. Elle poursuit son séjour par Cleveland, Detroit, Washington, San Francisco et Los Angeles. Le 19 décembre ont lieu ses grands débuts parisiens à l'Opéra ; la soirée est télévisée dans 9 pays. 1959 la voit à Saint-Louis et à Philadelphie ; au mois de mai, elle est demandée pour une tournée de concerts en Allemagne, puis à Londres, où elle donne quatre représenta­tions de Médée.

24. Aristote Onassis l'invite pour une croisière sur son célèbre bateau, le Christina. La mer se révèle agitée ; son mari tombe malade ; Maria et Onassis auront ensemble de longues conservations en tête à tête ; ils parlent en grec et se racontent leur passé ; ainsi débute une histoire d'amour.

25. Maria éprouve le sentiment d'aimer pour la première fois, et surtout, d'être aimée. Le 17 août, à Sirmione, Onassis annonce à Meneghini qu'il désire épouser Maria. Le tribunal de Brescia prononcera la séparation du couple Meneghini par consentement mutuel.

26. Tina Onassis, de son côté, a déposé une requête en divorce devant la cour suprême de l'État de New­York. Alors commence pour Maria une période extrêmement difficile. Onassis lui ouvre les portes d'une vie nouvelle, mais l'oblige à tourner une page.

27. Elle envisage de ne plus chanter et de vivre comme une femme avec “des enfants, un foyer et un chien”. La personnalité d'Onassis, ses relations internationales la fascinent ; elle envisage de remonter sur la scène et, en même temps, cette perspective la terrifie.

28. Le 24 août de cette année 1960, elle donne une superbe Norma à Epidaure ; une ovation sans fin la salue ; on pose  sur sa tête une cou­ronne de lauriers ; elle renoue avec la Scala, où elle obtient de brillants suc­cès ; mais sa vie a changé.

29. Elle s'intéresse désormais aux problèmes d'Onassis et adopte ses amis. Elle habite maintenant Paris, 44 avenue Foch. La procédure entre elle et Meneghini a  repris, alors que Tina s'est remariée avec le Marquis de Blandford. 

30. Maria  est épuisée ;  elle connaît des ennuis de santé ; elle doit être opérée des sinus, ce qui ne l'empêche pas de chanter la Habanera et la Seguedille de Carmen pour le 45ème anniversaire du Président Kennedy.

 

31. Pendant que Maria séjour­ne à Paris, Onassis reçoit à bord de son yacht Jackie Kennedy. Le 22 novembre, le Président des Etats-Unis est assassiné ; Aristote part  immédiatement  pour Washington.

32. La rivalité entre les deux femmes devient évidente ; Maria vient de fêter son 40ème anniversaire ; elle s'aperçoit de l'intérêt qu'Aristote porte à Jackie ; elle s'en inquiète et s'efforce de trou­ver dans son travail une raison de vivre.

33. A Londres, sa Tosca reçoit un chaleureux accueil mais, devant le tout Paris, au cours d'une représentation de La Norma, sa voix se casse sur une note aiguë ; la salle se partage entre applaudissements et sifflets.

34. Maria ne se décourage pas ; elle poursuit son parcours, qui l'entraîne à Londres et New-York. Elle a décidé de s'accrocher, mais elle sait qu'un bouleversement va intervenir.

35. Elle chante au Covent Garden et part se réfugier à Skorpios ; l'été est détestable. Onassis est à la fois dur et injuste avec elle ; il lui tient par moment des propos odieux.

36. A 43 ans, elle se retrouve enceinte ; Onassis refuse cet enfant et l'avertit qu'une naissance serait la fin de leur relation ; cet espoir déçu l'atteint cruellement. Maria décide de vivre à Paris.

37. Elle achète un appartement au 2ème étage du 36, avenue Georges Mandel, où elle regroupe autour d'elle les objets auxquels elle tient ; mais ses relations avec Onassis se dégradent.

38. Pendant un certain temps, elle s'efforce d'éviter les scènes, mais elle comprend qu'Aristote est obsédé par l'image qu'incarne Jackie Kennedy. Quand Jackie et Onassis partent en croisière à bord du Christina, Maria s'envole pour les États-Unis.

39. Elle supporte mal le choc de la rupture. Après neuf années, son bilan lui paraît sombre. Elle se retrouve sans enfants, sans famille, sans amis. Elle songe avec tristesse à cette période où elle envisageait d'abandonner sa carriè­re sans regret “car, dans la vie d'une femme, l'amour est plus important que tous les triomphes artistiques”.

 

40. Elle assiste à la première représentation du Met, où la Tebaldi chante Adrienne Lecouvreur. Le 20 octobre 1968, à 17 h 30, dans la chapelle de l'Île de Skorpios, Jackie Kennedy épouse Aristote Onassis. Maria reçoit différentes propositions cinématographiques ; elle accepte l'idée de Pasolini de créer Médée ; il s'agit d'un film étrange, sans dialogue.
 
41. Maria ne chante qu'une seule fois, mais le personnage la bouleverse. Elle se sent proche de cette femme secouée par de multiples conflits intérieurs, et elle éprouve pour Pasolini une profonde amitié. Le 28 février 1970, le film est présenté à l'Opéra de Paris.

42. Le public est désorienté et déçu ; il ne comprend pas l'intérêt de cette réalisation. Maria revoit Onassis, qui lui explique les difficultés qu'il rencontre avec Jackie ; croit-elle encore à la possibilité de reprendre une vie commune avec lui ? Il est difficile de l'affirmer.

43. Il est certain qu'elle souffre de cet échec ; elle a perdu le sommeil… Il lui faut prendre des barbituriques ; un soir, elle en abuse ; elle doit faire un séjour à l'Hôpital Américain. Les rumeurs de tentative de suicide la choquent ; elle s'est installée maintenant dans son passé…

44. Elle vit dans ses souvenirs, a-t-elle seulement encore envie de chanter ? Son extraordinaire vitalité décline ; elle participe à un concours d'interprétation de chant à la Julliard School ; elle donne des conseils… Elle est heureuse de se retrouver devant le public ; le chanteur Di Stephano  lui propose de faire un retour à la scène ; elle se met au travail, mais cette rentrée est un échec. Elle envisage une tournée de concerts.

45. Le 25 octobre, elle chante à Hambourg ; ses admirateurs doivent se résigner. La Grande Callas n'est plus ; mais son public lui reste fidèle. La tournée se poursuit ; elle fête son 50ème anniversaire à Londres. Elle se relance dans la bataille. Pendant l'automne 1974, elle donne neuf concerts avec Di Stephano ; elle chante pour la dernière fois sur scène à Sapporo.

46. Onassis, arrivé au sommet de sa puissance, connaît maintenant la dureté du déclin. Il a engagé une procédure de divorce contre Jackie ; il tombe gravement malade, on l'hospitalise en urgence à l'Hôpital Américain de Paris, où il meurt dans une certaine solitude.

47. Il avait dû céder, le 15 janvier 1975, à l'État grec, son merveilleux jouet : “Olympic Airways”. Maria apprend la nouvelle à Palm Beach, où elle séjourne. Cette disparition représente pour elle une grande souffrance ; elle se sent maintenant définitivement seule.

48. Sa vie n'a plus de sens ; elle se replie sur elle-même. Elle va passer l'été 1976 en Grèce pour retrouver ses racines ; sa courte liaison avec Di Stephano se termine ; puis elle se rend à Skorpios pour se recueillir sur la tombe d'Aristote.

49. Elle travaille encore par habitude et pour son seul plaisir. Le 16 septembre 1977, dans son appartement parisien, sa vie se brise. “Les déesses ne meurent pas”, déclare Rolf Libermann. Ses cendres sont dispersées dans la mer Egée.

50. Vingt ans après, le bonheur inouï qu'elle nous a offert reste intact. Nous comprenons mieux ce qu'exprime René Char : “avec celui que nous aimons, nous avons cessé de parler, et ce n'est pas le silence ”.

(D’après un texte original de M. Pierre-Christian Taittinger, Paris)